EMILE CHEYSSON (1836-1910)

Nimois d’origine, né le 18 mai 1836, il achète à Chiroubles en 1870 le domaine viticole qui porte aujourd’hui son nom. 
Le domaine Cheysson, qui comprend aujourd’hui 26 ha, était la propriété avant 1789, des moines de Cluny. 

Polytechnicien (promotion 1854), ingénieur des Ponts et Chaussées, il prône la statistique géométrique à travers les 17 albums de statistique Graphique édités entre 1879 et 1899 sous sa direction : 

« si la statistique graphique, bien que née d’hier, étend chaque jour son domaine, c’est qu’elle remplace avantageusement les longs tableaux de chiffres et qu’elle permet, non seulement d’embrasser d’un coup d’oeil la série des phénomènes, mais encore d’en signaler les rapports ou les anomalies, d’en trouver les causes, d’en dégager les lois. » 

L’ingénieur social 

A la suite de Le Play (1806-1882), il s’intéresse aux relations entre le monde du travail et la famille. 
« Tout n’est pas fini entre le patron et l’ouvrier après la livraison de la main-d’œuvre et son paiement ». 
Il propose une fonction nouvelle dans l’entreprise : « l’ingénieur social ». 
Le mouvement HLM le reconnait aujourd’hui comme l’un de ses fondateurs. 

En 1874, confronté au phylloxera, Emile Cheysson croit d’abord au pouvoir insecticide du sulfure de carbone, avant de reconnaitre le bien fondé du greffage prôné par Victor Pulliat. 

A travers les douze discours prononcés lors de ses obsèques (10 février 1910) son itinéraire professionnel et social est retracé : 

– Encore élève, lors d’un stage au Havre il remplace un ingénieur malade et propose avec succès d’importantes modifications aux travaux de fondation de la grande écluse des transatlantiques. 

– Ingénieur à Reims en 1859, il réussit, en employant des chômeurs et sans expropriation à établir les 30 kilomètres de la voie de chemin de fer allant de Reims au camp de Chalons. 

– Il est chargé en 1867 de l’installation de la galerie des machines de l’Exposition Universelle de 1867, faisant la connaissance de Frédéric Le Play, l’organisateur de cette manifestation. 

– En 1868 il est nommé professeur de littérature administrative à l’École des Ponts et Chaussées. 

– Lors du siège de Paris en 1870, on lui confie l’organisation du service des moulins. Il est chargé d’improviser des moyens de mouture et réussit « au delà du vraisemblable » à alimenter Paris en farine. Dans « Le Pain du Siège », il retrace les difficultés de son rôle. 

– De 1871 à 1876, appelé par Eugène Schneider, il dirige les Usines du Creusot, immense agglomération de 15 000 ouvriers. Puis il fut attaché aux travaux d’amélioration de la navigation sur la Seine. 

– En 1877, il devient directeur des cartes et plans et de la statistique graphique du Ministère des Travaux publics, s’attachant à développer la partie statistique. 
A partir de cette époque ses études se portent sur les problèmes économiques et sociaux : « assurance, mutualité, risque professionnel des ouvriers, habitations à bon marché, repos hebdomadaire ». 

– Depuis 1878, il suit ou dirige les travaux de la Commission du nivellement général de la France. 
Il enseigne à partir de 1882 l’économie politique puis l’économie sociale à l’École libre des Sciences politiques. A partir de 1884 il enseigne l’économie industrielle à l’École des Mines. 

– Il prend sa retraite en 1906. 

Il meurt le 7 février 1910 à Leysin (Suisse), ayant été violemment heurté par un traineau.